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Gaston bernard, mémoires de poilu

23 novembre 2016

Le départ et les manoeuvres

Ici commencent les mémoires de Monsieur : Gaston Bernard, soldat appartenant au 150ème régiment d’Infanterie. Classe 1914.

« Honneur et Patrie, devise de tout français. »

Espérance de la victoire finale.

30 Août : Je reçois ma feuille de route pour me rendre immédiatement et sans délai au 130ème Régiment d’Infanterie à Chartres, régiment auquel je suis affecté.

1er Sept. : Départ de Cumières pour rejoindre mon Régiment. Je prends le train à Epernay à 8h30 du matin, arrive à Paris à 13h30. Tout le long du parcours, nous sommes acclamés par les populations que nous traversons. L’on se croirait encore au 1er jour de la mobilisation et nous sommes à la veille de la bataille de la Marne.

A 23h15, on prend le train à la gare Montparnasse et j’arrive à Chartres le lendemain à 13h40. On a mis 14 heures pour venir de Paris à Chartres.

2 Sept. : Arrivés à Chartres je me rends au dépôt où l’on me dit que je suis affecté à la 29ème compagnie au Coudray. Je reste aux dépôts jusque 16 heures et j’en profite pour écrire une première lettre chez nous. A 16h avec des camarades qui viennent d’arriver, je suis conduit au Coudray et pour la première fois je mange la gamelle. Le pays n’est pas épatant, les maisons sont en terre avec des toits en chaume et pour la première fois en couche dans la paille.

3 Sept. : A 5h30 réveil et je vais gouter au jus, tout ça c’est nouveau pour moi et cela me semble bon. A 8h, on va à l’exercice en civil. A 9h30 on rentre et à 10 h, c’est la soupe et on est libre jusqu’à 14h, à laquelle on reprend l’exercice jusqu’à 16h et soupe à 17h.

4 Sept. : Mêmes occupations

9 Sept. : On reforme des compagnies. Je suis affecté à la 31ème compagnie et je quitte le Coudray pour aller rejoindre ma compagnie qui cantonne dans un moulin à 1km de là. On couche dans le grenier avec une botte de paille pour soi et une couverture pour deux.

10 Sept. : On nous habille et je touche un pantalon et une capote à peu près à ma taille, je suis un des mieux habillés de ma compagnie.

11 Sept. : On va à Chartres toucher des képis et l’après-midi on fait de l’exercice.

12 Sept. : On va toucher des fusils.

17 Sept. : On quitte le moulin et l’on retourne au Coudray.

18 Sept. : On commence à manœuvrer avec l’arme et jusqu’à la fin du mois, on ne fait que du maniement d’arme.

4 Oct. : Pour la première fois, je vais tirer et je fais un assez bon tir. Trois balles dans la cible.

5 Oct. : On fait une petite marche de 16 km.

6 Oct. : Et jusqu’à la fin du mois, c’est la même chose et on va au tir une fois par semaine. Et le restant du temps on va à l’exercice. Dans le restant du mois il n’y a pas grand chose à signaler. J’ai été 15 jours à l‘infirmerie pour un abcès produit par la marche.

2 déc. : C’est un grand jour pour moi, 35 de mes camarades vont partir en détachement pour rejoindre le front. Ils nous quittent à 6 heures du soir et je vais les accompagner jusqu’à la sortie du Coudray. Le temps passe et nous attendons notre tour de partir.

21 Déc. : Nous partons le matin à 8h1/2. Nous portons le manger pour la journée et on rentre le soir après 35 kms de marche.

23 Déc. : On part à midi pour une manœuvre et on mange la soupe dans les tranchées. On y reste jusqu’à 11h du soir, nous sommes gelés et esquintés. C’est un avant-goût de ce que l’on fera au feu.

25 Déc. : Pour notre petit Noël, on nous offre un repas amélioré. Voici le menu que l’on nous a servi :

31ème régiment : déjeuner du 25 Décembre

  • Sardines au beurre
  • Potage au vermicelle
  • Bœuf gros sel
  • Légumes
  • Civet de lapin
  • Salade
  • Camembert
  • Gateaux et biscuits fins
  • Oranges
  • Vin et cigare

Il n’y a qu’une chose qui me dérange, c’est que je suis consigné, je ne peux pas sortir et la punition est injuste car c’est parce que je me suis fait porter malade hier. J’avais les pieds tout écorchés et le Major m’avait mis exempt d’exercice mais il paraît qu’il ne faut pas être malade.

30 Déc. : Pour finir notre année, on se tape une petite marche de manœuvre de 24 heures. On part à 11h du matin et on arrive à Voise qui est à 20 kms de là à 2 heures de l’après-midi.

Je suis nommé cuisinier. Aussitôt, je me mets en quête d’une maison où je peux faire ma cuisine. Je trouve une ferme où je suis très bien reçu. La patronne met sa maison à ma disposition. Nous n’avons jamais été aussi bien reçus, on nous donne du cidre à volonté. Après la soupe, on fait une partie de cartes car à 10h, on doit prendre les avant-postes où l’on reste dans les terres jusque 6h du matin. Ça fait 8 heures dehors par un froid glacial et sans avoir de repas.

31 Déc. : A 6 heures du matin, on nous fait attaquer un petit pays à 5 kms de là. On nous fait déployer en tirailleur et il faut se coucher dans la terre qui est toute détrempée. Quand la manœuvre s’arrête, nous sommes méconnaissables, pleins de boue et il faut faire 25 kms pour regagner nos cantonnements et l’on fait ça sous une pluie battante. Quand on est arrivé à 11h du matin, on était traversé.

1er Janv : Jour de repos pour nous.

2 Janv. : Je pars à Paris avec un camarade sans permission et on est revenu le Dimanche dans la nuit. Total : 15 jours de tôle en rentrant.

17 Janv. : On part faire une marche de 100 kms du côté de Loigny et l’on revient le 20 Janvier.

 

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Gaston bernard, mémoires de poilu
  • Ce blog retranscrit les mémoires d'un poilu mort en 1915 à l'âge de 21 ans. Les écrits témoignent des conditions difficiles des tranchées et font de ce blog un intérêt pédagogique. On ne doit pas oublier ces millions de poilus morts pour la France.
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